Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/368

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Cesseras-tu jamais d’importuner les Dieux ?
Non, si ce beau Soleil ne reluit à mes yeux,
Non, si par le retour de son œil que j’adore,
Je ne sens dissiper le dueil qui me devore.
He ! mais qui te retient en cest esloignement ?
Silvandre (las, diray-je) insensible au tourment
Qui me rend soucieuse aux nuits de ton absance,
Quel charme peut cacher si longtemps ta presense
A mes yeux, non plus yeux, mais fontaines de pleurs ?
As-tu par l’eau d’oubly amorty les ardeurs
Qu’Amour avoit pour moy dans ton cœur allumees ?
Mes beautez, autrefois cherement aimees,
Sont-elles maintenant hors de ton Souvenir ?
As-tu donc desseigné de ne plus revenir ?
N’aymes-tu pas encor ? C’est trop tardé, Silvandre,
Je ne puis si longtemps sans me plaindre t’atendre ;
Et vous, Rochers, jadis sejour de mon vainqueur,
Que ne me randez-vous ce beau Roy de mon cœur,
Ce Berger dont la veue est mon ame et ma vie ?
Où est-il maintenant ? Mais approche, Silvie,
Ne te femble-t-il pas de voir sur ce rocher
Un nouveau chiffre ?

Silvie

Un nouveau chiffre ?Il faut de plus prez l’approcher.

Cléande

O ciel ! seroit-ce pas mon Berger ? ha ! je tremble
De crainte et de desir, allons le voir ensemble.