Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/388

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Que je foule la terre aux pieds de mon desdain,
Et m’estime un Soleil dans le cercle mondain.
Comme un superbe paon ampoule son courage,
Lorsqu’il va remuant son esmaillé plumage ;
D’un œil remply d’amour, je me regarde ainsi,
Et vers tout autre object je fronce le sourcy,
Tant le charme flateur de cette philotie
Tient soubs sa vaine loy mon ame assujettie
Maintenant des plaisirs le visage trompeur
Aleche doucement les desirs de mon cœur :
Et fait que dans les flots de leur douceur je nage,
Comme un poisson dans l’eau sans crainte du naufrage,
Bref en eux je m’empestre, ainsi que les oiseaux
S’engluent en esté sur le bord des ruisseaux,
Sans penser toutes fois qu’apres ces longues fuites
Il faut que par le temps mes puissances destruites
Se rendent pour tribut à l’imployable mort,
Et qu’on ne peut surgir à un paisible sort,
Quand nos yeux pour object n’ont eu que les idoles
D’impudiques plaisirs, dont les douceurs frivoles
Contentent en idée, et nous font repentir
Par effect le pouvoir d’un trop tard repentir ;
Mais las ! jusque, à quand ma raison insensé
N’ira point sur le sol d’une chaste penséé,
Considerant l’estat où le sale peche
Retient de mille nœuds mon esprir attaché ?
Jusques à quand, mon Dieu, tributaire du monde.
Iray-je conduisant ma course vagabonde,
Loin de vous mon Soleil, Soleil par qui je vis ;