Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/389

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Jusques à quand, mon Dieu, mes desirs asservis
Au joug des vanités ne changeront de route ?
Verray-je point mes jours distiller goute à goute
Par mes yeux, non plus yeux, mais fontaines de pleurs
Bref ne verray-je point par le trait de douleurs
De mes fiers ennemis la puissance destruite,
Et mon ame quitter l’impudique poursuite
De ces contentements que le monde despart ?
Ouy mon Dieu, quand vostre œil par le trait d’un regard
D’un sainct et chaste feu embrassera mon ame,
Et que par l’eau du ciel vous esteindrez la flame
Dont le monde trompeur attise mes desirs.
Mais paravant s’il faut avec mes desplaisirs,
Avec l’eau de mes pleurs, et par ma repentance,
Constamment resister à la sale puissance
Du cruel ennemy qui me va poursuivant,
Soustenez, ô grand Dieu, mon vouloir que le vent
Des freles vanités par le monde secoue,
Touché d’un repentir defi à mon cœur desnoue
L’impudique lien de sa captivité :
Il faut tant seulement qu’un rayon de beauté
Luise pour dissiper ceste mondaine nue,
Dont l’ombreuse espesseur enbironne ma veue,
Lors guidant mes regards devers vous, mon Soleil,
Je reverray mon cœur à ton premier resueil ;
Lors que vostre bonté en luy donnant naissance,
Guida ses foibles pas au sentier d’innocence :
Alors mon Dieu j’iray d’un pied victorieux
Marcher dessus le front du monde ambitieux,