Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/391

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Tumbent comme en hyver le fueillage des bois :
Mais jusqu’à quand mon Dieu vous seray-je rebelle ?
Ne respiré-je donc que pour vous offencer ?
N’ay-je de mouvement que pour me relancer
Au milieu des plaisirs haineux de vostre gloire ?
Ha ! je ne veux plus vivre, ou je veux vivre en vous,
Mon Dieu, ne soyez point enflambé de courroux :
Car j’estains maintenant leur coupable memoire.
Arrestez mes desirs du frein de vostre amour,
Guidez en vos sentiers la course de mon jour,
Et r’appelant mon ame oubliez ses offences ;
Faites qu’à vous servir soit mon contentement,
Que ma langue de vous parle tant seulement,
Bref changez mes desirs en des obeissances.


STANCES


Homme dont le desir monstrueux Briaree,
Se borne seulement avecque l’univers,
Quand appelleras-tu ta raison egaree,
Pour voir qu’un jour il faut servir de proye aux vers
Soit que l’astre ascendant de ton avare enuie
Amoncele pour toy, trezors dessus trezors,
Tu ne sçaurois pourtant eterniser ta vie,
L’or ny les vanitez ne suivent point les morts.
Le temps devore tout, et les cruelles Parques
Filent esgalement la trame de nos jours :
Leur homicide feu n’espargne les monarques
Non plus que les bergers en leurs secrets sejours.