Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/392

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On vid, mais pour mourir : c’est une destinee,
On meurt mais pour revivre en un astre plus beau ;
Homme que te sert donc d’alonger ta journee,
S’il te faut tosr ou tard entrer dans le tombeau ?
On ne mesure point la course de nostre aage,
Par nos ans escoulez, ains par nos actions,
Doncques pour bien mourir, sois net, entier, et sage,
Et retire ton cœur des vaines passions.
Celuy seul vit heureux dont l’amie est emflamee
De l’amour de son Dieu seule felicité :
Car tout autre desir se resout en fumée
Dont le fruict plus certain n’est que la vanité.
Les astres flamboyants dedans leurs cercles roulent,
Le feu s’eslance en haut, l’eau et la terre en bas,
Les fleuves ondoyons dedans la mer s’escoulent,
Chaque chose a son centre : homme ne l’as-tu pas ?
Ouy, ton centre c’est Dieu, où toutes les pensees
Comme à leur Ocean doivent borner leur cours ;
Bref estaignant en luy tes ardeurs insensées,
Espere ton repos de son piteux secours.


DISCOURS


Pareil à la brebis du troupeau esgaree
Par le foin du berger au bercail retirée,
Eslongné de mon Dieu, je retourne vers luy,
Mon unrque Soleil, ma vie et mon appuy :
Je rappelle mon cœur de son erreur premiere ;
Et quitte ces deserts où la douce lumiere