Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/72

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Ma cendre fera belle, et riche mon dommage,
Puis que pour partizans j’auray les plus grands Dieux.

Dès que j’ay veu flamber ses pudiques lumieres,
Et mille doux regards voler sous ses paupieres,
Je desdaigne la terre et la clarté du jou.

Je veux donc vers mon Astre eslancer ma volée,
Car le ciel glorieux fera le mausolée
De mon desir brulé par le soleil d’Amour.

II.

Tel estoir ce bel astre alors que je le vin,
Ainsi que le soleil qui reluit sans nuage,
Et mon vouloir me fut si doucement ravi
Que j’en cheris la perte et benis le servage !

Son beau regard estoit de tant d’appas suivi,
Qui comme doux esclairs partaient de son visage,
Qu’il falloit m’advouer sans ame ou sans courage,
Pour m’esloigner du joug où je fus asservi.

Mille petits Amours comme jeunes abeilles
Voletoient doucement sur les roses vermeilles
De son teint où la grace avoit logé ses traits.

Bref on voyait en luy briller tant de lumieres,
Que les astres plus clairs n’estoient que les pourtraits,
Des rayons qui luysoient soubs ses belles paupieres.