Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/73

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III.

Mon feu va ressemblant au feu d’une Vestale
Qui chaste me consume, et jamais ne s’estaint,
Et le trait dont je fuis si doucement attaint,
A l’infaillible trait du malheureux Cephale.

Ceste pudique ardeur à mon ame fatale
Atise mon euuie, et ce beau trait empraint
Au marbre de mon cœur le pourtrait doux et saint
De celle qu’en beauté Cypris mesme n’esgale :

Ce trait qui va blessant ma chere liberté
Est si beau et si doux, qu’en ma captivité
Mon ame par sa pointe en extasee est ravie.

Et ce feu m’est plus cher que la clarté du jour ;
Car s’il ne me brusloit je serois sans amour,
Et sans amour, helas ! je n’aurois point de vie.

IV.

Agreable langueur, seul fruit de ma poursuite,
La pointe de tes traits est si douce à mon cœur,
Que parmy les assaus de ta chere rigueur
Je benis la prison où ma vie est reduite.

Les larmes de mes yeux par une ondeuse fuite,
Coulans dessus ma face aigrissent ta douceur,