Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/82

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Le nœud de votre amour trop doucement me presse,
Pour preferer au monde et le Ciel et les Dieux.

Mon Ciel est vostre front le but de mon enuie,
Où deux astres jumeaux president à ma vie,
Et qui serrent les nœuds de ma captivité.

Au jour de vos beaux yeux mon ame je retire,
Et je cede au pouvoir de leur douce clarté,
Tout ainsi que le fer à l’aymant qui l’attire.

XVII.

Œilladant mon soleil qui pompeux de clarté
Lançait superbement les rais de sa lumiere,
Je dis, Amour qui tiens mon ame prisonniere,
Fuy loin, car je reprends ma chere liberté.

Je cours d’un libre pas hors de captiuité,
Je jette l’ancre au port de ma raison premiere,
Et j’abbats les autels où ma belle guerriere
Estoit la seule idole à ma fidelité.

Fuy, et n’attends de moy, ny vœux, ny sacrifices,
Soubs les pieds du destin je foule tes supplices,
Et ne veux idolatre aymer cet œil vainqueur.

Amour voulut fuyr, mais la source liquide
De mes ameres pleurs rendit son ayle humide,
Si qu’il ne peut mouillé voler loin de mon cœur.