Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/83

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XVIII.

Soudain que mon soleil d’un rayon adoucy
A disipé la nuit d’un langoureux nuage,
Mon cœur, espanoui au jour de son visage,
D’un trait victorieux a chassé mon souci :

Mais mon œil sombrement par l’absence obscurci
Qui ne seruoit helas ! qu’à pleurer mon dommage,
Voyant poindre le jour aux nuits de son seruage,
N’a peu souffrir l’esclair dont j’estois esclaircy.

O cruauté d’Amour et de ma destinée,
Je n’avois de desir que pour voir la journée,
Où mon chaste soleil esclairast à mes yeux,

Et son jour m’a couvert d’une craintive glace :
Il faut que pour la voir mon œil n’eut point d’audace,
Ou bien que de mon heur Amour fut enuieux.

XIX.

<poem> C’est en vain que vos yeux produisent mille traits, Pour rencharner mon ame à votre joug rebelle : Puis que le doux esclair d’une douce etincelle Peut rendre de vos lois les Dieux meme subjets.

Vos pudiques regards ne font que doux attraits, Qu’ameçons et qu’appas, et la rose plus belle,