Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/84

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Et les beaux lis esclos avec l’aube nouvelle,
Sont de vostre beauté seulement les pourtraits.

Si j’ay brisé le nœud qui r’enface mon ame,
Si j’ay estaint le feu qui ores me r’enflame,
La crainte et le desdain poussoient ma volonté.

Car craignant que vostre ame ailleurs sut prisonniere,
J’amortissois le feu de ma captiviré,
Et leger reprenois ma franchise premiere.

XX.

Il n’est point d’autre jour que celuy de tes yeux,
Beau soleil doux tiran de mon obeissance ;
Il n’est point d’autre nuit que ta mortelle absence,
Par qui je sers de proye au fort injurieux.

L’amoureuse langueur qui me rend soucieux,
Ne lasche dessus moy les traits de sa puissance,
Sinon lors qu’à mon œil tu ravis ta presance ;
Car je desdaigne alors la lumiere des cieux :

Te voir c’est le plaisir où seulement j’aspire,
Et ne te voyant pas, mon langoureux martire
Redouble les assauts de sa noire fureur.

Si que perdant ta veue, helas ! ie perds mon ame,
Et mon œil ne peut voir une si belle flame,
Car tu es mon Soleil et l’ame de mon cœur.