Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/96

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Ou que ne suis-je aveugle au jour de sa clarté,
Ou pourquoy ce bel œil est pour moy si volage ?

Mais plus tost que changer et d’Idole et d’Autel,
Amour blesse mon cœur d’un trait noir et mortel.
Car si je suis puny ansi qu’un temeraire,

Las ! au moins ce sera pour voler dans les cieux,
où nul autre mortel d’un vol audacieux
N’osa brusler son aisle en si belle lumiere.

XXXVIII.

Doux regards qui volez soubs ses belles paupieres,
Comme subtils esclairs soubs un nuage espais,
Amour pour m’alecher n’a point d’autres attraits,
Ny pour brusler mon cœur, que vos douces lumieres.

Idoles où j’appens mes desirs tributaires,
De vos chastes appas en mon ame pourtraits,
Si l’on trouve des vœux en amour si parfaits,
On a veu deux soleils en esgales carrieres.

Que si pour meriter vos pudiques faveurs,
Il faut que ma victime esgale en ses ardeurs
Vos appas, vos attraits seuls vainqueurs de mon ame,

Le ciel me cedera tous les mirthes d’Amour,
Sans disputer l’honneur dont la parfaiste flame
Enlustre sainctement la clarté de mon jour.