Page:Œuvres poétiques de François de Maynard, 1885, tome 1.djvu/97

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XXXIX.

Si tost que mon bel Astre esclypsé de mes yeux,
Relança mon espoir en ses premiers orages,
Je n’eus pour des soleils que de sombres nuages,
Ny d’ame que le soleil où je vis soucieux.

Mille vagues pensers d’un choc injurieux,
Ainsi que flots grondans rompus sur les rivages,
Figuraient en mon cœur des asseuré naufrages,
Dont la crainte poussoit mes souspirs vers les cieux.

A force de pleurer j’auois tary mes larmes,
Lors qu’Amour redoublant ses mortelles alarmes,
Fit couler de mes yeux mon sang en lieu de pleurs.

Si que pour reparer la perte de ma vie,
Il faut que les soleils de ma belle ennemie
Chassent la sombre nuict de mes fieres douleurs.

XL.

Beau christal où mon Roy va emoulant ses traits,
Dont la pointe me blesse aux nuicts de mon aurore,
Beau front throsne d’Amour où fouvent il s’essore,
Recrespant tes cheveux, dont il forme ses raits :

Quand verray-je flamber tes gracieux attraits,
Desarmant de desdain ce bel œil que j’adore ?