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LES CLUBS CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES

combattre énergiquement toutes les réactions, soit monarchiques, soit modérées, contre le républicanisme.

D’autres clubs suivirent les courants révolutionnaires, émirent ou soutinrent des doctrines diverses, sans acquérir une notoriété comparable à celle des Jacobins et des Cordeliers. Ils se distinguèrent par des excentricités qui leur attirèrent souvent les plaisanteries des réactionnaires, mais ne les empêchèrent pas de travailler à l’œuvre commune et de commettre, par exaltation, des fautes que l’on se plut à imputer à crimes, et que les pouvoirs constitués blâmèrent quelquefois vigoureusement, quand la mesure leur paraissait comble. Ces clubs patronnèrent des utopies aussi généreuses que peu réalisables, et, chose étonnante, ils survécurent aux sociétés dont ils étaient les satellites ; ils furent les précurseurs du socialisme, encore sur la brèche aujourd’hui[1].

Dès avant 1789, les idées nouvelles en philosophie, en littérature, en sciences, en politique, avaient fait surgir des groupes, des sociétés, des salons où l’on discutait pour ou contre le mouvement irrésistible qui entraînait les plus hautes intelligences. On se combattait avec une égale vivacité. Les uns tournaient leurs regards vers l’avenir et se livraient à l’espérance de voir le triomphe du progrès auquel ils travaillaient ; les autres ne pouvaient ou ne voulaient se détacher du passé, et s’appuyaient sur les vieilles institutions qui croulaient de toutes parts, sur les préjugés séculaires dont la foule commençait à ridiculiser l’existence, en attendant qu’elle en redoutât le retour offensif.

Les théories faisaient place à l’action, surtout dans la politique, laquelle, étendant chaque jour davantage son domaine, pénétrait dans les hôtels somptueux aussi bien que dans les demeures des bourgeois et des paysans à demi émancipés. Les réunions les moins politiques en apparence contenaient en germe, celles-ci des opposants aux nouveautés, celles-là des partisans du progrès continu. Seulement, remarquons-le, chez les révolutionnaires l’attaque était plus franche que chez les contre-révolutionnaires, usant d’armes cachées et bientôt prêts à conspirer contre les pouvoirs publics, au nom de l’autorité,

  1. Les clubs Monarchique et des Feuillants, et la Société de 1789, ont eu bien moins que ceux des jacobins et des Cordeliers, des imprimés relatifs à leurs délibérations.