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SOCIÉTÉ DE 1789

phlet intitulé : « Catéchisme des Aristocrates », à l’usage de tous les gens sensés, par demandes et réponses :

« D. — Pourquoi beaucoup de révolutionnaires disent-ils du mal des Jacobins ?

« R. — C’est qu’ils sont membres du Club de 89, partisans de M. de La Fayette, ou installés dans les places du nouveau régime.

« D. — Pourquoi ces trois sortes de personnes sont-elles ennemies des Jacobins ?

« R. — C’est que le Club de 89 étant une division des Jacobins, la jalousie les a rendus ennemis ; que M. de La Fayette redoute la faction d’Orléans, et que les Jacobins s’étant dérigés (sic) en surveillants de tous les gens en place, ceux-ci nécessairement doivent les détester.

« D. — M. de La Fayette n’a-t-il pas été un membre des Jacobins ?

« R. — Sans doute, mais il s’en sépara, et fut un des co-fondateurs du Club de 89, pour se créer une faction et opposer club à club[1]. »


André de Chénier s’affilia un des premiers à la Société de 1789 dirigée par Malouet, et dont faisaient partie, déjà, Condorcet, le chevalier de Pange, ami d’André de Chénier, Grouvelle, de Kersaint, Pastoret et Roucher. On y vit encore Mirabeau, Clavière, Marmontel, Frochot (plus tard, préfet de la Seine), Durovray et Pitra, des philosophes, des académiciens, des hommes de lettres, des financiers, des capitalistes. Dandré en fut un des piliers.

Le club s’installa d’abord dans une superbe maison de la rue de Richelieu, puis dans un très bel appartement du Palais-Royal, au no 108[2], au premier étage, au-dessus du Cirque. Il payait gros loyer, s’assemblait avec grand fracas, dans des salons étincelants, ayant balcons et jardins. Il cherchait à attirer la multitude au moyen de fleurs, de musique et de vins exquis. Un salon était spécial pour la lecture des papiers publics. Les membres y banquetaient assez souvent, à vingt livres par tête.

Les dames de la Halle y vinrent complimenter Bailly, La Fayette, Le Chapelier et, enfin, le comte de Mirabeau. Cependant, il n’exerça aucune action sur les masses.

  1. Bib. Nat., Lb 39/4360.
  2. Mémoires de Ferrières, t. II, liv. VII, p. 123. — Son local, dit Louis Passy, était secrètement payé par le ministère. (Voir Frochot, in-8o, Paris, 1874, p. 48 et 49.)