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Les sanglots de la source où boit un faune ami
Et les frissons profonds des chênes endormis
Et l’âme d’or des lys de murmures enflée
Et tout le rêve verdoyant de la vallée !…
Tu mêlas ta voix douce à cet orage pur
Et la nymphe te dit :
« Tu viens lorsque l’Azur
Sème d’éclairs la face sombre des bruyères
T’agenouiller, ô mon Enfant, pour la prière
Devant mon corps de fleurs et d’étoiles drapé.
Vois : sur mes mains où rit l’odeur des foins coupés,
La bouche de l’aurore heureuse s’est posée.
Et le ciel brille en moi. Le vin qui m’a grisée
Est fait des pleurs d’amour que la Nuit bleue pleura,
Les souffles des œillets embraseront tes bras
Du feu clair qui ruisselle en mes veines ravies.
Ma bouche aimante apporte un océan de vie.
L’universelle force étincelle à mes flancs.
Laisse mes baisers d’or adorer tes bras blancs.
Je veux que ma beauté sublime te nourrisse,
Et s’il faut à tes yeux des formes créatrices