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DOUZE ANS DE SÉJOUR

neuf cents lances et trois cents fusiliers seulement, et nous campâmes à quelques milles de la ville.

Je passai la nuit à observer les aspects, si nouveaux pour moi, de la vie militaire éthiopienne.

L’armement du cavalier consiste en un bouclier, un sabre et une ou deux javelines. Son bouclier ou rondache, fait en peau de buffle, est rond, comme le clypeus romain, et garni d’un umbon ou partie proéminente au centre ; son diamètre est entre 60 et 70 centimètres. Les sabres sont de deux sortes : les uns ressemblent à nos demi-espadons de la cavalerie légère, en usage du temps du Directoire ; les autres sont à deux tranchants, d’une longueur qui varie entre 80 et 140 centimètres, et recourbés au point de ressembler à une monstrueuse faucille à deux tranchants, rappelant beaucoup le harpé des gladiateurs thraces. La poignée de ces armes est en corne, sans garde ni branches d’aucune sorte ; les fourreaux, en peau crue, sont recouverts en maroquin rouge, sans bélière ; le fourreau du harpé est garni d’une bouterolle en forme de boule. Quant aux dards et javelines, leur longueur varie entre 1 mètre 60 et 2 mètres 20 ; le fer, depuis la douille jusqu’à la pointe, a une longueur qui varie de 30 à 80 centimètres. Ces armes présentent une grande variété de formes ; on y retrouve l’espafut longue, large, à deux tranchants, la framée, la demi-pique, la guisarme, la tragule, l’esclavine, le carrel et la zagaye. L’extrémité inférieure de la hampe est garnie d’une spirale en fer qui sert de contre-poids et de frette.

Toutes ces armes sont d’une acération très-imparfaite ; aussi, les demi-espadons d’Europe, fabriqués d’une certaine façon, sont-ils très-recherchés et atteignent-ils quelquefois le prix du plus beau cheval.