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DOUZE ANS DE SÉJOUR

combats et à faire parler de lui. Dis-lui que ma chaîne me pèse.

À cet ordre, Guoscho repassa l’Abbaïe et se déclara rebelle en Damote. Sa jeunesse, sa beauté, son courage, la renommée de son père, redouté du paysan, mais adoré du soldat, et surtout les respects traditionnels que l’on conservait pour la race impériale, à laquelle il appartenait par sa mère, les pieux souvenirs laissés par cette princesse qui venait de mourir à Jérusalem, où elle était allée en pèlerinage peu après la dernière défaite de son mari, toutes ces causes contribuèrent à fortifier son parti. Après plusieurs rencontres partielles, il défit complètement le Dedjazmatch du Damote. Mais le brave Zaoudé ne put se réjouir longtemps de la perspective de sa délivrance : il mourut de maladie, la neuvième année de sa captivité.

Pendant que le Dedjadj Guoscho était en Amourou, les Gallas avaient voulu le tuer, afin d’empêcher, disaient-ils, que le fils d’une chrétienne ne tournât plus tard contre eux sa connaissance de leurs mœurs, de leur langue et de leur état politique. Dès qu’il fut au pouvoir, il reconnut avec libéralité les soins de ses protecteurs, qui, grâce à son appui, devinrent les premiers de leur petite république. Mais, comme les Gallas l’avaient prévu, il ravagea leur pays à plusieurs reprises, depuis l’Amourou jusqu’en Touloma, et les contraignit à cesser leurs incursions contre les frontières chrétiennes. Néanmoins, pendant mon séjour à Gondar, lorsqu’il avait été bruit d’une rupture entre lui et le Ras Ali, les Gallas avaient attaqué sur plusieurs points les frontières du Gojam et du Damote, et c’était pour les punir que nous nous mettions en