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DOUZE ANS DE SÉJOUR

poursuit de près, saisissant les occasions de frapper ; puis soudain elle fait volte-face et prend l’offensive ; et les rôles s’échangent ainsi successivement, jusqu’à ce que la mêlée s’engage, soit par l’effet de l’entraînement de ceux qui poursuivent, soit, ce qui est plus fréquent, parce que ceux qui cèdent le terrain, espérant désordonner leurs adversaires, font volte-face subitement et de façon à la rendre inévitable. Les fantassins Gojamites sont bien plus habiles que les Gallas à combattre en troupes de cette façon ; et à cause de la vivacité plus grande de leur caractère et de leurs mouvements, les natifs des kouallas sont en général supérieurs à ceux des deugas. C’est, comme on le voit, la tactique du combat des Horaces et des Curiaces ; aussi, personne en Éthiopie ne songerait-il à louer ou à blâmer la fuite de l’Horace vainqueur.

La cavalerie emploie la même tactique, mais d’une façon plus accentuée, les évolutions ayant lieu à fond de train et sur un champ plus étendu. Les mêlées sont bien moins fréquentes, quoique les corps à corps soient plus communs, deux partis pouvant s’entremêler et se disjoindre presque aussitôt. Quand les cavaliers en viennent aux mains, avant d’être à portée de javeline, c’est-à-dire à environ trente mètres, moyenne du jet pour les cavaliers, les uns tournent bride et cèdent le terrain, en accélérant l’allure, à mesure que les autres approchent. Ils fuient, le regard en arrière, comme les fantassins, et le bouclier sur la croupe du cheval, prêts à couvrir leur monture ou leur personne ; les bons cavaliers protégent ainsi jusqu’aux jarrets du cheval ; puis à l’instant opportun, ils reprennent l’offensive comme dans le combat à pied. Le moment difficile, principalement pour le