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DANS LA HAUTE-ÉTHIOPIE

cavalier, est celui où il faut volter, soit pour fuir, soit pour prendre l’offensive ; dans ce mouvement, outre qu’il découvre sa personne, il présente la plus grande surface de son cheval. Si l’un des partis est mieux monté, ou si ses chevaux sont plus frais, il peut, en donnant la chasse, rompre et diviser la troupe ennemie. On voit de quelle importance est le cheval dans ce genre de combat, et l’on comprend pourquoi les cavaliers éthiopiens ont maintenu l’antique usage, rapporté dans la Bible, d’exécuter leurs marches à mule ou à bidet, afin de conserver au cheval de combat toute sa vivacité et sa souplesse. Aussi, tel qui n’a qu’un cheval ira à pied des journées entières en le conduisant à la main.

En conséquence de son armement et de sa manière de combattre, le fantassin rondelier a peu de chance de réussir contre un cavalier, partout où le terrain laisse au cheval la liberté de ses mouvements ; et un corps de plusieurs milliers de fantassins, dépourvu de fusiliers, se laissera presque toujours entamer sérieusement par quelques centaines de cavaliers. Néanmoins, la cavalerie donne rarement à fond contre l’infanterie ; elle sert à disperser un corps de fantassins déjà en désordre, à éclairer les marches, à engager le combat ; dans les batailles rangées, on en forme la réserve, on la place aux ailes pour tourner l’ennemi ou le prendre d’écharpe, mais on évite de l’opposer à une infanterie compacte. De même que l’infanterie, lorsque deux corps de cavalerie dépassent quelques centaines d’hommes, ils engagent rarement une action générale ; ils prennent position et combattent par détachements ; et d’habitude, lorsque deux armées de quinze à trente mille hommes chacune se sont campées en face l’une de l’autre, leur cavalerie, appuyée