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DOUZE ANS DE SÉJOUR

avec des paroles insultantes pour son maître. Peu après, le Dedjadj Conefo mourut ; Haylou fit hommage des carabines au Lidj Ilma, qui, pour s’acquitter envers lui, l’engagea à l’accompagner dans sa campagne contre nous, et lui promit que, sitôt notre défaite, comme il comptait aller réduire l’Agaw-Médir, pays riche en ivoire, il l’emmènerait avec lui et l’enrichirait. Alléché par cette perspective, Haylou s’était équipé en guerre, avait suivi son protecteur et avait été fait prisonnier. Quoiqu’il se fût débarrassé de tout ce qui pouvait déceler sa position de fortune, jusqu’à des anneaux d’argent qu’il portait au doigt, un soldat le reconnut au moment où, après le ban de libération, il sortait du camp avec les autres prisonniers, et il fit demander au Prince de récompenser ses services en l’autorisant à rançonner un trafiquant. Mais en apprenant que ce trafiquant était Haylou, le Prince se le réserva pour lui-même, et fixa sa rançon à trente carabines, dont deux fusils de rempart servant à la chasse de l’éléphant, à cent coudées de velours écarlate, à deux cents de drap et cent onces d’or. Haylou jura qu’il avait donné pour la cause d’Ilma le meilleur de son bien et offrit très-peu de chose. On le mit à la torture, au moyen de petits tessons appliqués sur ses poignets par des liens mouillés, dont le rétrécissement graduel amenait de cruelles douleurs ; le malheureux appelait la mort. Monseigneur voulut bien consentir à relâcher le prisonnier moyennant caution pour cinq carabines et une somme d’argent insignifiante. Ce Haylou fut le seul prisonnier rançonné à la suite de Konzoula.

Comme nos gens étaient à court de vivres, Birro fit prévenir les habitants de deux districts des environs que les soldats de son père iraient se ravitailler