Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/247

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Et certes comme l’on peut dire sans se tromper qu’on n’ayme point la creature, quand on l’ayme sans bornes, parce qu’alors on met la creature sur le trône du Createur, ce qui est l’idolâtrie de l’esprit, qui est la plus dangereuse de toutes, aussi peut-on dire qu’on n’ayme point Dieu comme son Souverain bien, lors qu’on ne conçoit pour luy que des desirs moderés ; car alors on fait descendre Dieu jusqu’à l’état des creatures par Timpieté du cœur, qui n’est pas moins criminelle que son idolâtrie., Soit qu’on regarde Dieu comme son Souverain bien, soit qu’on se le represente comme un être infiniment parfait, toujours est-il certain que rattachement qu’on a pour luy ne doit pas être limité ; & c’est afin que l’homme fût capable en quelque forte de la possession de ce bien infini, que le Createur a mis une espèce, Pinfinité dans ses connoissances & dans ses afsections.

Je fay bien que nôtre nature étant bornée, elle n’est pas capable, à parler exactement, de former des desirs infinis en vehemence : mais si ces desirs ne K 3 sont