Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/249

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comme il y a une infinie varieté & une infinité de dégrés differens dans la joye que nous pouvons goûter, il n’y a point de meſure dans le deſir du bonheur dans laquelle cette joye entre eſſentiellement, ni par conſequent dans l’amour de nous mêmes, qui eſt le principe de ce deſir.

Je demeure d’accord auſſi que ſi l’homme avoit été fait pour être le rival de la Divinité, il ne devroit point s’aymer ſans meſure, parce qu’alors l’amour de ſoy-même entreroit en concurrence avec l’amour divin : mais l’homme ne s’ayme naturellement avec tant de vehemence que pour pouvoir aymer Dieu. La meſure ſans meſure de








l’amour de foy-même & ces desirs qui font comme infinis, font les seuls liens qui l’attachent à Dieu, puis que comme je l’ay déja dit, des desirs moderés ne peuvent lier le cœur de l’homme qu’avec des creatures, & que ce n’est point Dieu qu’on ayme : mais un fantôme qu’on se forme en la place de Dieu, quand on l’ayme mediocrement.

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