Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
L’Art de se

vant la distinée du monde se consument par leur propre usage ; sans qu’il nous en reste qu’un leger souvenir incapable de nous satisfaire & très propre à nous tourmenter.

Quand la vie de l’homme seroit bien longue, le bonheur attaché à cette vie ne seroit pas considerable, & quand la felicité que nous trouvons ici bas seroit aussi pleine qu’elle est defectueuse, elle seroit peu de chose, devant étre enfin terminée par la mort. Que sera ce donc lorsqu’on est convaincu & du peu de realité de ces advantages & de la briefveté de la vie, qui est telle que si nous voulons dire les choses comme elles sont, a peine suffit elle pour nous donner le loisir de regler nos affaires, de prendre congé les uns des autres & de faire comme il faut nôtre testament.

L’homme qui est naturellement convaincu de ces verités, cherche le moyen de se consoler de ces malheurs auxquels la qualité d’homme l’expose. Il évite dans ce dessein de se représenter à luy-même, ou de se faire valoir aux autres sous cette qualité. Il ne veut e-