Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
19
connoître Soy-meme.

stre regardé que comme estant révetu de quelques advantages exterieurs, qui font la difference des conditions, & la distinction des personnes. Mais s’il y a autant de dignité dans l’homme que la Religion nous fait entrevoir, il y auroit plus de fondement mille fois à se faire valoir par les qualités qui nous sont communes, que par celles qui nous distinguent. Et si au contraire il y a autant d’honneur à posseder ces advantages exterieurs que le monde voudroit nous le persuader, il faut que l’homme en luy même soit tres peu de chose ; ce que nous ne pouvons penser sans trahir non seulement l’honneur de nôtre nature : mais encore les sentimens de nôtre vanité.

On pourroit ce me semble definir l’homme du monde, qui pour se guerir, ou se consoler de sa pauvreté & de sa misere naturelle ayme à se révetir de biens imaginaires, un fantôme qui se promene parmi les choses qui n’ont que l’apparence. J’appelle un fantôme, non l’homme de la nature composé d’un corps & d’une ame, que Dieu à formés :