Page:Abbadie - L’Art de se connaitre soi-meme.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
L’Art de se

la fin de la vie corporelle, comme la conservation de cette vie est la fin de la plus part des sensations. Quand donc cette vie s’éteint, cela veut dire, que la Providence Divine ne veut plus que nous ayons commerce avec les autres hommes, que nous les voyons, que nous leur parlions, qu’ils nous voyent, qu’ils nous parlent. La mort nous fait cesser de vivre avec les autres : mats elle ne nous fait point cesser de vivre en effêt. Nous ne pensons plus à l’occasion de certains organes & des certains corps avec lesquels il n’est plus necessaire que nous ayons relation : mais nous pensons touîours, puis que ce n’estoient point ni ces corps, ni ces organes qui nous faisoient penser.

On peut connoistre par là en quatriême lieu que rien n’est plus faux que le préjugé ordinaire des hommes, qui s’imaginent qu’ils connoissent les corps, & qu’ils ne connoissent point les esprits. Car on peut dire par un renversement de leur pensée, qu’ils connoissent les esprits & qu’ils ne connoissent pas si bien les corps. Ce qu’ils appellent des