Page:About - Alsace, 1875.djvu/37

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officiel. Ce petit monsieur, qui a eu l’honneur d’incarner la loi française dans son ingrate personne, s’est enrôlé spontanément dans la magistrature allemande. Quelle excuse peut-il alléguer ? Il était déjà replacé par le garde des sceaux, et avec avancement. Il est riche, très-riche, on dit même trop riche. Et c’est au sortir de Saverne qu’il a signé cette glorieuse désertion. Quel air avait-il respiré ? le milieu de Saverne était donc devenu terriblement malsain ?

Eh bien non ! quelque chose se révolte en moi contre une telle pensée. Les Savernois sont loin d’être parfaits, ils m’ont souvent mis en colère ; mais je ne puis pas croire qu’ils aient trahi la patrie, et je ne les mépriserai pas sans un effort énorme. Tenez ! cette inqualifiable pétition où ils déclarent leur amour à la Prusse ne me persuade point. Je la flaire suspecte, quoiqu’elle semble aussi authentique que la nomination du petit Kern. On m’affirme que le maire y a écrit son nom avant tous les notables de la ville ; mais ce maire, c’est l’avocat Gustave Ostermann, un cœur droit, un caractère honnête et ferme, malgré la typhoïde qui a failli le mettre en terre l’an passé. Il représentait le Bas-Rhin à l’Assemblée nationale de Bordeaux, et il y a fait son devoir avec les autres députés de la Lorraine et de l’Alsace en votant contre la paix, de même que les représentants du Nord,