Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/196

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qui fumait sa pipe dans la cour des Tuileries, puis il dit à Fougas en lui mettant la main sur le bras :

« Mon bon ami, c’est l’Empereur que vous voulez voir ?

— Je te l’ai déjà dit, familier personnage !

— Hé bien ! vous le verrez aujourd’hui. Monsieur qui vient là-bas, avec sa pipe, est l’introducteur des visites ; il va vous conduire. Mais l’Empereur n’est pas au Château. Il est à la campagne. Cela vous est égal, n’est-ce pas, d’aller à la campagne ?

— Que diable veux-tu que ça me fasse ?

— D’autant plus que vous n’irez pas à pied. On vous a déjà fait avancer une voiture. Allons, montez, mon bon ami, et soyez sage ! »

Deux minutes plus tard, Fougas, accompagné d’un agent, roulait vers le bureau du commissaire de police.

Son affaire fut bientôt faite. Le commissaire qui le reçut était le même qui lui avait parlé la veille à l’Opéra. Un médecin fut appelé et rendit le plus beau verdict de monomanie qui ait jamais envoyé un homme à Charenton. Tout cela se fit poliment, joliment, sans un mot qui pût mettre le colonel sur ses gardes et l’avertir du sort qu’on lui réservait. Il trouvait seulement que ce cérémonial était long et bizarre, et il préparait là-dessus quelques phrases bien senties qu’il se promettait de faire entendre à l’Empereur.