Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/240

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gens qui l’avaient si bien traité, il se laissa tomber dans un puits profond et large, dont la margelle, à peine élevée au-dessus du niveau de la rue, mériterait au moins un lampion. « Je m’éveillai (c’est toujours lui qui parle) dans une eau très-fraîche et d’un goût excellent. Après avoir nagé une ou deux minutes en cherchant un point d’appui solide, je saisis une grosse corde et je remontai sans effort à la surface du sol qui n’était pas à plus de quarante pieds. Il ne faut que des poignets et un peu de gymnastique, et ce n’est nullement un tour de force. En sautant sur le pavé, je me vis en présence d’une espèce de guetteur de nuit qui braillait les heures dans la rue et me demanda insolemment ce que je faisais là. Je le rossai d’importance, et ce petit exercice me fit du bien en rétablissant la circulation du sang. Avant de retourner à l’auberge, je m’arrêtai sous un réverbère, j’ouvris mon portefeuille, et je vis avec plaisir que mon million n’était pas mouillé. Le cuir était épais et le fermoir solide ; d’ailleurs, j’avais enveloppé le bon de M. Meiser dans une demi-douzaine de billets de cent francs, gras comme des moines. Ce voisinage l’avait préservé. »

Cette vérification faite, il rentra, se mit au lit et dormit à poings fermés. Le lendemain, en s’éveillant, il reçut la note suivante, émanée de la police de Nancy :

« Clémentine Pichon, dix-huit ans, fille mineure