Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/71

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aides vigoureux, je ne le réveillais que pour le voir mourir. J’avais encore sous les yeux le spectacle de cette belle jeune fille asphyxiée dans un incendie, que je parvins à ranimer en lui promenant des charbons ardents sous les clavicules, mais qui ne put qu’appeler sa mère et mourut presque aussitôt malgré l’emploi des excitants à l’intérieur et de l’électricité pour déterminer les contractions du diaphragme et du cœur.

Et quand même je serais parvenu à lui rendre la force et la santé, n’était-il pas condamné par le conseil de guerre ? L’humanité ne me défendait-elle pas de l’arracher à ce repos voisin de la mort pour le livrer aux horreurs du supplice ?

Je dois avouer aussi qu’en présence de cet organisme où la vie était suspendue, mes idées sur la résurrection prirent sur moi comme un nouvel empire. J’avais si souvent desséché et fait revivre des êtres assez élevés dans la série animale, que je ne doutais pas du succès de l’opération, même sur un homme. À moi seul, je ne pouvais ranimer et sauver M. le colonel ; mais j’avais dans mon laboratoire tous les instruments nécessaires pour le dessécher sans aide.

En résumé, trois partis s’offraient à moi : 1o laisser M. le colonel dans la tour crénelée, où il aurait péri le jour même par congélation ; 2o le ranimer par des excitants, au risque de le tuer, et pourquoi ?