Page:About - L’Homme à l’oreille cassée.djvu/97

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— De qui ?

— Mais enfin, monsieur, vous avouerez que la résurrection d’un homme est une chose extraordinaire. Quant à moi, c’est bien la première fois que j’en entends parler. Or le devoir d’une police bien faite est d’empêcher qu’il se passe rien d’extraordinaire dans le pays.

— Voyons, monsieur, si je vous disais : voici un homme qui n’est pas mort ; j’ai l’espoir très-fondé de le remettre sur pied dans trois jours ; votre médecin, qui prétend le contraire, se trompe : prendriez-vous la responsabilité de faire enterrer Fougas ?

— Non, certes ! À Dieu ne plaise que je prenne rien sous ma responsabilité ! mais cependant, monsieur, en faisant enterrer M. Fougas ; je serais dans l’ordre et dans la légalité. Car enfin de quel droit prétendez-vous ressusciter un homme ? Dans quel pays a-t-on l’habitude de ressusciter ? Quel est le texte de loi qui vous autorise à ressusciter les gens ?

— Connaissez-vous une loi qui le défende ? Or tout ce qui n’est pas défendu est permis.

— Aux yeux des magistrats, peut-être bien. Mais la police doit prévenir, éviter le désordre. Or, une résurrection, monsieur, est un fait assez inouï pour constituer un désordre véritable.

— Vous avouerez, du moins, que c’est un désordre assez heureux.