Page:About - La Question romaine.djvu/10

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Cette discipline des intelligences honore infiniment le XIXe siècle. La postérité nous en saura gré, si elle est juste. Elle verra qu’au lieu de nous entr’égorger pour des questions théologiques, nous avons tracé des chemins de fer, posé des télégraphes, construit des machines à vapeur, lancé des vaisseaux, percé des isthmes, créé des sciences, corrigé des lois, réprimé des factions, nourri des pauvres, civilisé des barbares, assaini des marais, défriché des landes, sans disputer une seule fois sur l’infaillibilité d’un homme.

Mais le siècle le plus occupé, et qui sait le mieux le prix du temps, peut être contraint de négliger un instant ses affaires. Si, par exemple, il remarque autour de Rome et de son évêque une agitation violente que ni les malices de la diplomatie, ni la pression des armées ne peuvent étouffer ; s’il voit dans un petit coin d’une péninsule un incendie sans flammes qui n’est ni allumé ni éteint, mais qui peut en vingt-quatre heures embraser toute l’Europe ; ce siècle prudent par devoir, attendu qu’il a de grandes choses à faire, s’émeut de la situation de Rome et veut savoir ce qu’il y a.

Il y a que les princes naïfs du moyen âge, Pépin le Bref, Charlemagne, la comtesse Mathilde, ont fait au pape de grandes libéralités. Ils lui ont donné des terres et des hommes, suivant l’usage de ce temps-là, où l’homme, étant le mobilier vivant de la terre, se donnait par-dessus le marché. S’ils ont été si généreux, ce n’est point parce qu’ils pensaient, comme M. Thiers,