Page:About - La Question romaine.djvu/11

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que le pape ne saurait être indépendant sans être roi ; ils l’avaient vu dans sa pauvreté plus indépendant et plus maître que presque tous les rois de la terre. Ils l’enrichirent par amitié, par calcul, par reconnaissance, ou même pour déshériter leur famille, comme cela se fait encore de notre temps. Depuis la comtesse Mathilde, le pape, mis en goût de propriété, s’est arrondi. Il a obtenu des villes par capitulation, comme Bologne ; il en a gagné à coups de canon, comme Rimini ; il en a dérobé quelques-unes par trahison furtive, comme Ancône. Si bien qu’en 1859, l’évêque de Rome est le souverain temporel de quatre millions d’hectares et règne sur trois millions cent vingt-quatre mille six cent soixante-huit hommes qui poussent les hauts cris.

De quoi se plaignent-ils ? Écoutez-les seulement ; vous le saurez bientôt :

« Ils disent que l’autorité à laquelle ils sont soumis, sans l’avoir ni demandée ni acceptée, est la plus foncièrement absolue qui ait jamais été définie par Aristote ; que les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire sont réunis, confondus et brouillés dans la même main, contrairement à l’usage des États civilisés et à la théorie de Montesquieu ; qu’ils reconnaissent volontiers l’infaillibilité du pape dans toutes les questions religieuses, mais qu’en matière civile elle leur paraît plus difficile à supporter ; qu’ils ne refusent pas d’obéir, puisqu’à tout prendre l’homme n’est pas ici-bas pour suivre sa fantaisie, mais qu’ils seraient bien aises d’o-