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petits pas dans un sentier tracé par deux Chambres, et qui entend discuter le matin ce qu’il devra faire le soir, est presque innocent des fautes de son règne. Un dictateur, au contraire, est d’autant plus responsable aux yeux de la postérité, qu’il l’était moins aux termes de la Constitution. L’histoire lui reprochera ce qu’il n’a pas fait pour le bien, dans le temps où il pouvait tout, et ses omissions mêmes lui seront comptées pour crimes.

J’ajoute que dans aucun cas la dictature ne doit durer longtemps. Non-seulement il serait absurde de la vouloir héréditaire, mais un homme qui prétendrait l’exercer toujours serait un fou. Le malade se laisse attacher par le chirurgien qui va lui sauver la vie ; mais, l’opération faite, il veut être délié. Les peuples n’agissent pas autrement. Du jour où les bienfaits du maître ne compensent plus l’abandon de la liberté, la nation réclame l’usage de ses droits, et les dictateurs intelligents le lui rendent[1].

J’ai causé souvent dans les États du pape avec des hommes éclairés, honorables et qui ont rang parmi les chefs de la classe moyenne. Ils m’ont dit à peu près unanimement :

« S’il nous tombait du ciel un homme assez fort pour tailler dans le vif des abus, réformer l’administration, renvoyer les prêtres à l’église et les Autrichiens à Vienne, promulguer un Code civil, assainir le pays, rendre les plaines à la culture, autoriser l’industrie,

  1. Voir le décret du 24 novembre 1860. (Note de la 2e édition.)