Page:About - La Question romaine.djvu/105

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faciliter le commerce, terminer les chemins de fer, séculariser l’enseignement, propager les idées modernes et nous mettre en état de soutenir la comparaison avec la France, nous tomberions à ses pieds et nous lui obéirions comme à Dieu. On vous dit que nous ne sommes pas gouvernables : donnez-nous seulement un prince capable de gouverner, et vous verrez si nous lui marchandons le pouvoir ! Quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, il sera maître absolu de tout faire, tant qu’il restera quelque chose à faire. Tout ce que nous demandons, c’est que, sa tâche terminée, il nous permette de partager le pouvoir avec lui. Soyez sûr que, même alors, nous lui ferons bonne mesure. Les Italiens sont accommodants, et ils ne sont pas ingrats. Mais ne nous demandez pas de supporter plus longtemps cette dictature sempiternelle, oisive, taquine, ruineuse, que des vieillards hors d’âge se transmettent de main en main. Si encore ils l’exerçaient eux-mêmes ! Mais chacun d’eux, trop faible pour gouverner, se décharge avec empressement d’un fardeau qui l’écrase, et nous livre pieds et poings liés au pire de ses cardinaux.

Il est trop vrai que les papes n’exercent pas eux-mêmes leur pouvoir absolu. Si le pape blanc, ou le saint-père, gouvernait personnellement, nous pourrions espérer, avec un peu d’imagination, qu’un miracle de la grâce le fera marcher droit. Il est rarement très-capable ou très-instruit ; mais, comme disait la statue du Commandeur, « on n’a pas besoin de lumières quand on est éclairé par le ciel. »