Page:About - La Question romaine.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lesquelles on court légèrement, sur les roches les plus escarpées. Lorsqu’on leur avait enseigné l’art de poursuivre et d’échapper, de prendre et de n’être point pris, la valeur des monnaies, l’arithmétique des partages et les principes du droit des gens tel qu’il se pratique chez les Apaches ou les Comanches, leur éducation était faite. Ils apprenaient tout seuls à jouir du bien conquis et à satisfaire leurs passions dans la victoire. En l’an de grâce 1806, cette race appétente et brutale, impie et superstitieuse, ignorante et rusée, gratifia l’Italie d’un petit montagnard appelé Jacques Antonelli.

Les éperviers ne couvent pas de colombes c’est un axiome d’histoire naturelle qui n’a plus besoin de démonstration. Si le jeune Antonelli avait apporté en naissant les vertus naïves d’un berger d’Arcadie, son village l’eût renié. Mais l’influence de certains événements modifia sinon sa nature, au moins sa conduite. Son enfance et sa jeunesse furent soumises à deux influences contradictoires. Si le brigandage lui avait donné ses premières leçons, la gendarmerie lui en donna d’autres. Il n’avait pas plus de quatre ans, lorsque certains bruits d’une haute moralité ébranlèrent violemment ses oreilles : c’était l’armée française qui fusillait les brigands dans la banlieue de Sonnino. Après le retour de Pie VII, il vit couper la tête à plusieurs voisins de sa famille, qui l’avaient fait sauter sur leurs genoux. Ce fut bien pis sous Léon XII. Le chevalet et le nerf de bœuf étaient en permanence sur la place du village. L’autorité rasait tous les quinze jours la mai-