Page:About - La Question romaine.djvu/119

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son d’un bandit, après avoir emmené sa famille aux galères et payé une prime à son dénonciateur. La porte Saint-Pierre, qui touche à la maison Antonelli, s’embellissait d’une guirlande de têtes coupées, et ces reliques éloquentes grimaçaient assez dogmatiquement dans leurs cages de fer. Avouez que si le spectacle est l’école de la vie, c’est surtout un spectacle comme celui-là. Le jeune Giacomo put réfléchir sur les inconvénients du brigandage, avant même d’en avoir goûté les plaisirs. Autour de lui, quelques hommes de progrès cherchaient déjà des industries moins périlleuses que le vol. Son père, qui avait, dit-on, l’étoffe d’un Gasperone ou d’un Passatore, ne s’exposait pas sur les grands chemins. Après avoir gardé les bœufs, il se faisait intendant, puis receveur municipal, et gagnait plus d’argent avec moins de danger.

Le jeune homme hésita quelque temps sur le choix d’un état. Sa vocation était celle de tous les habitants de Sonnino : vivre dans l’abondance, ne manquer d’aucune sorte de plaisirs, être partout chez soi, ne dépendre de personne, dominer les gens, leur faire peur au besoin, et surtout violer impunément les lois. Pour atteindre un but si élevé, sans exposer sa vie qui lui fut toujours chère, il entra au grand séminaire de Rome.

Dans nos pays de scepticisme, on entre au séminaire avec l’espoir d’être ordonné prêtre : Antonelli comptait bien ne l’être jamais. C’est que dans la capitale de l’Église catholique les lévites un peu intelligents deviennent magistrats, préfets, conseillers d’État, mi-