Page:About - La Question romaine.djvu/176

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rait dire combien la découverte de l’imprimerie a jeté d’âmes en enfer ?

« Appliquée aux industries de ce bas monde, la science engendre la richesse, le luxe, le plaisir, la santé, et mille autres fléaux qui nous écartent du salut. Elle guérit jusqu’aux maladies irréligieuses et ne permet plus au pécheur de faire son purgatoire ici-bas. Elle finira par transformer la terre en un lieu de délices et vous faire oublier le ciel. L’Église, chargée de vous conduire à une félicité éternelle qui est le seul but de la vie humaine, doit vous écarter de la science. Tout au plus pourra-t-elle en permettre l’accès à quelques hommes sûrs, afin que les ennemis de la foi trouvent à qui parler.

« C’est pourquoi, disent-ils, nous avons dans Rome une douzaine de savants illustres, et cent mille ignorants qui ne savent ni A ni B.

« L’Église n’en est que plus florissante, et l’État aussi s’en porte mieux. Les sujets sont difficiles à gouverner lorsqu’ils savent trop de choses. Dès qu’un homme lit couramment, il est tenté par cela seul de se mêler de tout. La douane pourra bien le préserver des mauvaises lectures, mais il se rattrapera sur les lois du royaume. Il verra si elles sont bonnes ou mauvaises, si elles s’accordent ou se contredisent, si on les observe ou si on les viole. Dès qu’il saura compter sans le secours de ses doigts, vous pouvez être sûr qu’il vérifiera les additions du budget. Si, pour comble, il sait écrire, le moindre carré de papier lui donnera