Page:About - La Question romaine.djvu/51

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leur conversation bien pauvre : les cerveaux sont meublés comme les maisons.

La femme attend son seigneur au logis ; c’est elle qui vous ouvrira la porte. De tous les animaux utiles, la femme est celui que le paysan romain emploie avec le plus de profit. Elle fait le pain, la galette de blé turc, le mortier ; elle file, elle tisse, elle coud ; elle va tous les jours chercher le bois à trois milles et l’eau à un mille et demi ; elle porte sur sa tête la charge d’un mulet, elle travaille depuis le lever jusqu’au coucher du soleil sans se révolter et même sans se plaindre. Les enfants qu’elle fait en grand nombre et qu’elle nourrit elle-même sont une ressource précieuse : dès l’âge de quatre ans, on peut les employer à garder d’autres animaux.

Ne demandez pas à ces campagnards ce qu’ils pensent de Rome et du gouvernement : ils n’ont qu’une notion vague de ces sortes de choses. Le gouvernement, pour eux, c’est un employé à 75 francs par mois qui les administre et leur vend la justice. Rome ne leur a jamais rien donné, que ce monsieur. En échange d’un tel bienfait, ils payent des impôts assez lourds : tant pour la maison, tant pour le champ, tant pour la famille, tant pour les animaux, tant pour le droit d’allumer du feu, tant sur le vin, tant sur la viande, lorsqu’ils se donnent le luxe de manger de la viande. Ils se plaignent sans amertume, et regardent les impôts comme une grêle périodique sur leurs récoltes de l’année. S’ils apprenaient que Rome vient d’être engloutie par un