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tremblement de terre, ils ne prendraient pas le deuil : ils iraient à leurs champs, comme d’habitude, ils vendraient leur récolte au prix ordinaire, et ils payeraient moins d’impôts. Voilà ce qu’on pense de la capitale dans toutes les villes de paysans. Chaque commune vit par soi et pour soi ; c’est un corps isolé qui a des bras pour travailler et un ventre à remplir. L’agriculture est tout, comme en plein moyen âge. Il n’y a ni commerce, ni industrie, ni grandes affaires, ni mouvement dans les idées, ni vie politique, ni aucun de ces liens puissants qui attachent nos villes à la capitale, comme les membres au cœur.

S’il y a une capitale pour ces pauvres gens, c’est le paradis. Ils y croient fermement, ils y tendent de tout leur pouvoir. Tel qui se plaint de payer deux écus pour son foyer, en donne deux et demi pour faire écrire sur sa porte : Viva Maria ! Tel autre regrette les 75 francs du gouverneur, sans songer que la commune nourrit une trentaine de prêtres. Ils ont une douce maladie qui les console de tous leurs maux : c’est la foi. Elle ne les empêche pas de donner un coup de couteau lorsque le vin les allume ou que la colère les pousse ; mais elle ne leur permettra jamais de faire gras le vendredi.

Il faut les voir un jour de grande fête pour admirer l’ardeur de leur naïveté. Hommes, femmes, enfants, tout le monde court à l’église. Un tapis de fleurs s’étend sur les chemins, la joie rayonne sur tous les visages. Qu’est-il donc arrivé de nouveau ? Ce qui est arrivé ! La Saint-Antoine ! On chante la messe en mu-