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PEINTURE DE GENRE

avoir fait la gageure de traiter en tableau d’histoire un sujet de la vie intime, familière, moins que bourgeoise, comme le Début à l’atelier. Quelle dépense de couleurs fines, et même de fin talent, pour dire peu de chose ! Tout est vrai là dedans, et bien étudié : l’embarras du jeune modèle maigrelet qui tremble de montrer ses salières ; l’air assuré de la mère ou de la meneuse accoutumée à promener sa marchandise à travers les ateliers ; l’indifférence du peintre, qui en a vu tant d’autres ; l’air gouailleur de la fille, en robe japonaise, qui se vautre sur le divan et qui est là comme chez elle. Les accessoires de toute sorte qui encombrent l’atelier sont peut-être rendus avec plus de vivacité que les figures. C’est une vraie débauche de nature morte qui nous étonne, qui nous séduirait sans l’abus inconsidéré du noir et ce poussier de charbon tamisé sur toutes les ombres. Somme toute, un joli tableau, curieux, intéressant, mais trop grand, et dont je cherche en vain la place, soit dans les habitations particulières, où l’on cherche