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PEINTURE DE GENRE

mille des leurs, comme maîtres du champ de bataille, s’est gravé pour toujours dans notre esprit, tel que le bon Alphonse de Neuville le peint dans son admirable tableau, où « le combat finit faute de combattants ». Un autre drame, moins historique et non moins héroïque, est rendu avec une énergie poignante dans l’interrogatoire du Porteur de dépêches. Ici, il n’y a qu’un héros, et des plus humbles : un sous-officier déguisé en paysan, qui se flattait, hélas ! de traverser les lignes prussiennes et de porter à Bazaine une de ces dépêches dont Bazaine allumait son cigare ou sa pipe. L’homme, le soldat, le Français (ce n’est pas, vous l’entendez bien, M. Bazaine), est tombé dans une patrouille ennemie, traîné devant un état-major allemand qui boit, qui fume et qui juge en dernier ressort à la porte d’un cabaret. Ne craignez point que l’affaire traîne en longueur ; on sent que le piquet d’exécution n’est pas loin. Ce beau, brave et robuste garçon, né pour vivre cent ans, sera fusillé dans dix minutes. Il le sait, il ne bronche