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PEINTURE D’HISTOIRE

qui n’est ni la ville ni la campagne, mais la nature. Le tableau de M. E. Benner, c’est la nature féminine dans la nature champêtre, et les deux font ensemble une harmonie irréprochable. Chaussez un seul pied de la femme, ou placez seulement dans un coin de la toile la hache d’un bûcheron ou la faux d’un paysan, le nu passe à l’état de nudité, les herbes piquent, le modèle éternue, le garde champêtre accourt, le charme est rompu.

Peut-être direz-vous que je suis un païen fanatique et que la religion du nu m’entraîne aux dernières extrémités ; mais il m’arrive quelquefois de grommeler devant une figure bien peinte, soigneusement isolée de tous les accessoires modernes et encadrée dans un milieu irréprochable, comme la Source de M. Foubert : « Ça, ce n’est pas encore du vrai nu. » Et savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce que la tête, trop moderne et trop parisienne, a le nez retroussé d’une certaine façon, parce que la physionomie de cette demi-divinité, son sourire ou sa coif-