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ET PEINTURE DÉCORATIVE

fure me rappelle un type entrevu depuis moins de huit jours sur la scène ou dans la rue. Eh ! Messieurs ! ne vous moquez pas ! Si Phidias lui-même vous montrait Jupiter Tonnant avec un cor au pied, vous lui laisseriez le dieu pour compte, et vous diriez : « Pour qui donc nous prend-il avec son vieux modèle déchaussé ? »

Le Réveil d’Ariane, de M. Tillier, est un joli tableau. La femme, jeune et bien faite, se pâme très agréablement dans un raccourci pittoresque, au milieu d’un paysage brillant et varié. Mais, quoique l’artiste ait pris soin d’écarter impitoyablement tout ce qui pourrait la compromettre, comme le vin de Champagne, les écrevisses à la bordelaise, les diamants, la poudre de riz, il n’y a pas un spectateur assez naïf pour voir en elle la fille de Minos, la sœur de Phèdre, l’amante de Thésée. On lui dirait plutôt : « Je te connais, beau masque ! Tu demeures dans mon quartier. »

M. Lucas, s’étant donné à peindre une Sapho morte ou mourante après le saut de