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NOS ARTISTES

séparée par la teinte neutre d’une feuille de rose pliée en deux. Les chairs prennent çà et là le charme discret, la saveur délicate et friande d’un intérieur de camellia ; une tache de rose nacrée accentue vo- luptueusement le dessous de l’oreille.

Les visites sont bien cérémonieuses dans les ta- bleaux de M. Willems. Une froideur roide et com- passée fige les mouvements de ses petits person- nages : on dirait qu’ils ont peur de chiffonner leurs habits. N’avez-vous jamais vu quelle aimable liberté frétille sur les toiles deWatteau ? Autour de ses ber- gères, si bien faites pour inspirer l’amour, l’Amour se fourre partout. Il s’agite, invisible et présent, dans l’herbe des prairies, dans le feuillis des or- meaux, dans les plis étoffés deé jupons ; quelquefois même il prend un corps et s’accroche aux paniers d’une bergère, les ailes à demi déployées, comme un oiselet tombé du nid.

M. Willems a plus perdu que gagné depuis deux ans. Son voisin, son compatriote et son ami M. Al- fred Stevens est certainement en progrès.

Le tableau intitulé Consolation a produit un grand effet dès l’ouverture du Salon, malgré le voisinage dangereux des Glaneuses de M. Millet. Il est à re- gretter que le sujet soit un peu perdu dans le cadre, comme si l’artiste avait demandé conseil à M. Cour- bet. On dirait que la disposition générale du tableau a été imposée à M. Stevens, qui montre souvent plus