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AU SALON DE 1857. 179

de goût. Les têtes, les costumes, le rapport des figures entre elles, tout indique qu’on a voulu faire un drame ; la scène est choisie pour nous distraire du spectacle et nous empêcher d’en jouir. L’appartement est trop grand pour les personnages , et le damas jaune , prodigué à plaisir, parle plus à nos yeux que les habits de deuil. La perfection même des ac- cessoires nuit à l’effet du principal. Je sais bien qu’un chagrin véritable et une douce consolation peuvent se produire partout, dans n’importe quel salon et sur n’importe quel canapé. Mais le peintre doit choisir ;. il serait maladroit de nous montrer Roméo et Juliette sous la rotonde de la halle au blé. On vit, on meurt, on aime, on souffre où l’on peut ; mais un artiste ne confie pas au hasard le soin de loger ses personnages.

Ce n’est pas le hasard qui a placé cette jolie femme au coin du feu dans le tableau intitulé : Chez soi. L’artiste a pris soin d’assortir tous les dé- tails les plus propres à rendre sa pensée : cette toile est un chef-d’œuvre de bon goût en même temps que de bonne peinture. La petite dame est bien chez elle, son châle et son chapeau reposent au bon en- droit : les meubles l’entourent de près avec une sorte de familiarité intime. Elle-même , accoudée dans une posture discrète, se regarde du coin de l’œil dans un coin de la glace, et, sans le savoir, orne et habille délicieusement le coin de sa cheminée On