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palais Farnèse, sa corniche dessinée par Michel-Ange et les deux belles fontaines qui jaillissent devant la façade, peuvent s’y faire conduire en tout temps mais c’est le dimanche matin que j’y vais de préférence. Le dimanche est le jour où les paysans arrivent à Rome. Ceux qui cherchent l’emploi de leurs bras viennent se louer aux marchands de campagne, c’est-à-dire aux fermiers. Ceux qui sont loués et qui travaillent hors des murs viennent faire leurs affaires et renouveler leurs provisions. Ils entrent en ville au petit jour, après avoir marché une bonne partie de la nuit. Chaque famille amène un âne, qui porte le bagage. Hommes, femmes et enfants, poussant leur âne devant eux, s’établissent dans un coin de la place Farnèse, ou de la place Montanara. Les boutiques voisines restent ouvertes jusqu’à midi, par un privilège spécial. On va, on vient, on achète, on s’accroupit dans les coins pour compter les pièces de cuivre. Cependant, les ânes se reposent sur leurs quatre pieds au bord des fontaines. Les femmes, vêtues d’un corset en cuirasse, d’un tablier rouge et d’une veste rayée, encadrent leur figure hâlée dans une draperie de linge très-blanc. Elles sont toutes à peindre sans exception : quand ce n’est pas pour la beauté de leurs traits, c’est pour l’élégance naïve de leurs attitudes. Les hommes ont le long manteau bleu de ciel et le chapeau pointu ; là-dessous leurs habits de travail font merveille, quoique roussis par le temps et couleur de perdrix. Le costume n’est pas uniforme ; on voit plus d’un manteau amadou rapiécé de bleu vif ou de rouge garance. Le chapeau de paille abonde en été. La chaussure est très-capricieuse ; soulier, botte et sandale foulent successivement le pavé. Les déchaussés trouvent ici près de grandes et profondes