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Laissez-le parler, crie un troisième, il sait mieux que vous ce qu’il veut faire écrire. »

Quelques voitures chargées de galettes d’orge et de maïs circulent au milieu de la foule. Un marchand de limonade, armé d’une pince de bois, écrase les citrons dans les verres. L’homme sobre boit à la fontaine en faisant un aqueduc des bords de son chapeau. Le gourmet achète des viandes d’occasion devant un petit étalage, où les rebuts de cuisine se vendent à la poignée. Pour un sou, le débitant remplit de bœuf haché et d’os de côtelettes un morceau de vieux journal ; une pincée de sel ajoutée sur le tout pare agréablement la denrée. L’acheteur marchande, non sur le prix, qui est invariable, mais sur la quantité ; il prend au tas quelques bribes de viande, et on le laisse faire car rien ne se conclut à Rome sans marchander.

Les ermites et les moines passent de groupe en groupe en quêtant pour les âmes du purgatoire. M’est avis que ces pauvres ouvriers font leur purgatoire en ce monde ; et qu’il vaudrait mieux leur donner de l’argent que de leur en demander ; ils donnent pourtant, et sans se faire tirer l’oreille.

Quelquefois un beau parleur s’amuse à raconter une histoire ; on fait cercle autour de lui, et à mesure que l’auditoire augmente, il élève la voix. J’ai vu de ces conteurs qui avaient la physionomie bien fine et bien heureuse ; mais je ne sais rien de charmant comme l’attention de leur public. Les peintres du quinzième siècle ont dû prendre à la place Montanara les disciples qu’ils groupaient autour du Christ.