Page:About - Rome contemporaine.djvu/90

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relle comme une dette à payer ; ils n’aiment pas tout ce qui peut en avancer l’échéance ; ils disent avec une naïveté très-originale : « Je ne veux pas me baigner en rivière, on se noie ; je ne veux pas monter à cheval, on tombe ; je ne veux pas aller à la guerre, on reçoit des boulets. » Mais lorsque la vieillesse ou la maladie leur font signe de partir, ils ont bientôt bouclé leur sac. Je vous conterai sur ce point des choses curieuses quand nous serons au chapitre de la mort, et vous verrez qu’il y a de bonnes leçons à prendre dans ce pays-ci.

J’ai rendu à mon paysan la lettre de sa mère en lui glissant un écu dans la main ; il n’a pas songé à me dire merci, et il s’est remis à regarder à travers les larmes ce lamentable écrit qu’il ne savait pas lire.


Lorsque le canon du fort Saint-Ange a sonné midi, tous les coins de la place Montanara étaient encombrés de dormeurs. Chaque famille forme, un tas de chiffons magnifiques où un peintre trouve toujours sa vie. Les barbiers et les écrivains publics commencent à se croiser les bras ; les cabarets du voisinage se vident ; les boulangeries, qui n’avaient pas désempli depuis le matin, se dépeuplent ; il se fait un peu de silence après tant de bruit. Mais qu’un prêtre vienne à passer avec le cortège qui accompagne le viatique, tous les dormeurs s’éveillent en sursaut, chapeau bas, et se dressent sur leurs genoux.