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TOLLA.

étaient prévenus contre elle : elle en sortit à son honneur. L’aréopage des femmes de quarante ans décida à l’unanimité qu’elle avait une petite figure française assez gentille. Les hommes la proclamèrent de prime saut la plus jolie fille de Rome.

Sa beauté était de celles qui découragent les statuaires et leur font cruellement sentir l’impuissance de leur art. Ses mains, sa figure et ses épaules avaient la pâleur mate du marbre, et cependant le marbre le plus fidèle n’aurait jamais pu passer pour son image. Rien n’était plus facile que de rendre la finesse aristocratique de ce nez imperceptiblement arqué, la courbe fière des sourcils, l’ampleur un peu dédaigneuse des lèvres, le modelé délicat des joues, où deux imperceptibles fossettes se dessinaient par instants ; mais David lui-même, le sculpteur de la vie, aurait été incapable d’exprimer le mouvement, la santé, et comme la joie secrète qui animait ces traits adorables. La jeunesse dans toute sa force éclatait à travers cette enveloppe délicate ; la pâleur de son visage était saine et robuste. Elle ressemblait à ces lampes d’albâtre qu’une flamme intérieure fait doucement resplendir. Ses yeux châtains, mais qui paraissaient noirs, avaient le regard doux, étonné et un peu farouche d’une jeune biche qui écoute les échos lointains du cor. Sa chevelure longue, épaisse et soyeuse, s’entassait sur sa télé et débordait en deux