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TOLLA.

boucles pesantes jusque sur ses épaules. Son corps mignon, souple, frêle, et cependant vigoureux, ressemblait à ces statues antiques dont la vue n’inspire que de hautes pensées et de nobles désirs, quoiqu’elles se montrent sans voiles et qu’elles ne soient vêtues que de leur chaste beauté. Ses mains étaient petites, et son pied aurait été remarqué à Séville ou à Paris.

Tolla fut d’autant plus admirée à Rome qu’elle n’avait pas une beauté romaine. Cette nation vigoureuse qui se baigne dans les eaux jaunes du Tibre a conservé, quoi qu’on dise, une assez bonne part de l’héritage de ses ancêtres. Les hommes ont toujours cet air mâle et sérieux, cette noble prestance et cette dignité extérieure qui distinguait jadis un Romain d’un Grec ou d’un Gaulois ; les femmes sont encore ces belles et massives créatures parmi lesquelles le vieux Caton choisissait la gardienne de son foyer et la mère de ses enfants. Les jeunes Romaines, avec leur front bas, leur face brillante, leurs puissantes épaules, leurs bras charnus, leurs jambes épaisses, leurs pieds solides et leur large et opulente beauté, semblent si bien prédestinées aux devoirs de la famille, qu’il est difficile de voir en elles autre chose que des mères et des nourrices futures : elles ont la physionomie plantureuse et féconde de cette brave terre d’Italie qui a nourri sans s’épuiser tant de fortes généra-